Les derniĂšres actus de l’industrie
Au rayon boissons, de nouveaux chiffres ont Ă©tĂ© publiĂ©s cette semaine pour l’annĂ©e 2020 en France, avec notamment cĂŽtĂ© spiritueux :
- +22,5% de croissance en valeur pour les gins (pour un CA de 102,7 millions d’Euros dans la grande distribution)
- +16,4% de croissance en valeur pour les rhums (+12,4% en volume)
- +3,9% de croissance en valeur pour les whiskies
- +3,8% de croissance en valeur pour les anisés
Ces chiffres, bien que trĂšs positifs, ne semblent pourtant pas impacter tout le monde de la mĂȘme maniĂšre. Si d’un cĂŽtĂ©, on peut lire que Maison Villevert (G’Vine, La Quintinye Vermouth Royal et d’autres) prĂ©voit d’investir 8 millions d’euros sur les 3 annĂ©es Ă venir afin de renforcer ses capacitĂ©s de productions, de l’autre le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration Nationale des Boissons alerte. Le secteur de la distribution, trĂšs dĂ©pendant du CHR (et n’oublions pas les discothĂšques), a en effet beaucoup perdu avec les confinements et couvre-feux successifs, freinant de fait ses capacitĂ©s d’investissement pour les 3-4 annĂ©es Ă venir.Â
La Scotch Whisky Association (SWA) a annoncĂ© un plan ambitieux de dĂ©veloppement durable visant la neutralitĂ© carbone d’ici 2040. Elle compte ainsi poursuivre la dynamique entamĂ©e ces 10 derniĂšres annĂ©es durant laquelle elle a rĂ©duit ses Ă©missions de gaz Ă effet de serre de plus d’un tiers.
Pour voir au delĂ du 3e confinement qui s’annonce sinon : The Gin Addict Festival, le premier festival international de gin en France, se tiendra les 26-27-28 novembre prochain au Palais de La Bourse Ă Lyon. đ€ (Merci Romain pour le tuyau !)

Enfin, pour clĂŽturer Dry January 2021, et dans la foulĂ©e des recommandations de la WSTA, la Gin Guild a, Ă son tour, poussĂ© son petit coup de gueule contre certains producteurs de pseudos « gins sans alcool ». Elle leur reproche de capitaliser sur l’image du gin en proposant de maniĂšre trompeuse des produits qui, par dĂ©finition (ie. Gin = 37,5% vol. minimum), n’en sont pas. Nicholas Cook, directeur de la Gin Guild, explique :
Il n’y a rien de mal Ă fabriquer ou Ă vendre des produits ‘non-gin’ […] mais ils doivent se commercialiser honnĂȘtement et s’assurer qu’ils n’induisent pas en erreur les consommateurs.
Exit donc les « Gin Style Spirit » et autres « Gin Flavour drink ». Si pas de gin dans le flacon, alors pas de mot « gin » non plus sur le packaging. Des actions ont d’ailleurs d’ores et dĂ©jĂ Ă©tĂ© mises en oeuvre dans ce sens et la Gin Guild veille dĂ©sormais activement au grain.
Nouveautés produits
Audemus Spirits lance en cette fin de mois un nouveau gin (à 47% vol.) en édition limitée (570 bouteilles), en collaboration avec la chef étoilée Anne-Sophie Pic et la sommeliÚre argentine Paz Levinson.

Plus lĂ©ger, Pernod Ricard dĂ©voile pour sa part en Espagne des versions « light » de ses marques Ballantine’s et Beefeater, soit des versions Ă 20% d’alcool au lieu des 40% habituels ! La promesse : tout le goĂ»t, la moitiĂ© de l’alcool. Il va sans dire, les mentions whisky et gin ont naturellement disparu, mais ça a le mĂ©rite dâinterroger sur le positionnement. Ni un whisky, ni un gin, et pas davantage un sans alcool, c’est intriguant. Un pari risquĂ© peut-ĂȘtre, car si ces nouveautĂ©s bĂ©nĂ©ficieront certainement de l’aura de leurs marques, attention Ă l’image si le produit déçoit. En tous cas, l’idĂ©e d’un Beefeater Light + Tonic (sans sucre tant qu’Ă faire) a de quoi sĂ©duire les plus modĂ©rĂ©s d’entre nous !

AprĂšs Mafana, Saka Spirits (dans les environs de Nantes) a annoncĂ© un nouveau « botanical rum » (on en reparle bientĂŽt) : Agasta, aux fleurs d’agastaches anisĂ©es bio. Son lancement s’accompagne d’une campagne de crowdfunding sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank.
Dans un autre ordre d’idĂ©e, il ne nous aura pas Ă©chappĂ© que le CBD a le vent en poupe, mais attention si vous songez Ă l’utiliser en cocktails ou dans de spiritueux : ça pourrait ne pas plaire Ă tout le monde. C’est ce que dĂ©couvre Silent Pool, dont le gin « Colorado High » aux 200mg d’huile de CBD a fait l’objet d’une plainte au UK. Bien que le CBD y soit lĂ©gal, on reproche Ă la marque d’associer alcool et consommation illĂ©gale de cannabis, ainsi qu’Ă des vertus thĂ©rapeutiques.

Radio / TV : les producteurs Ă l’honneur
Pas mal d’artisans / producteurs dans les mĂ©dias ces derniers temps. En voici quelques-uns qui ont eu les honneurs de la radio ou de la tĂ©lĂ©vision tout rĂ©cemment :
- Sur fond de taxes amĂ©ricaines et de pandĂ©mie, RFI a dressĂ© un petit portrait de Marc Darroze, des Armagnacs du mĂȘme nom
- Si le 13H de TF1 a perdu Jean-Pierre Pernaut, il a gagnĂ© Mathieu Sabbagh le temps d’un sujet. Le JT le plus regardĂ© de France est en effet descendu vers Beaune nous faire dĂ©couvrir Alambic Bourguignon et son matinal bouilleur ambulant
- Les excellentes liqueurs H.Theoria, fortes de leur nouvelle identité, ont aussi eu les honneurs de la télévision. BFM Business a visité le labo parisien de la marque, en compagnie de sa co-fondatrice MarlÚne Staiger
- France 3 Aquitaine a fait un autre petit sujet sur un bouilleur ambulant, Olivier Buisine, du cÎté du Lot-et-Garonne cette fois
- Enfin, LCI a mis Ă l’honneur le mĂ©tier de tonnelier, en nous montrant le savoir-faire de Manu et StĂ©phane Vriet de la Tonnellerie du Val de Loire
Liquides insolites
Je connaissait la liqueur de gin Ă base de « larmes de licorne » đ€š. En revanche, je ne dĂ©couvre qu’aujourd’hui Indlovu Gin (Stellenbosch, Afrique du Sud), un gin « designed by elephants » Ă base de… crottes d’Ă©lĂ©phants (ou du moins des botaniques qui s’y retrouvent). On peut y voir l’Ă©quivalent spiritueux du non moins cĂ©lĂšbre cafĂ© « kopi luwak » avec, en bonus sur l’Ă©tiquette, la date et les coordonnĂ©es oĂč les excrĂ©ments ont Ă©tĂ© collectĂ©s, histoire de tĂ©moigner dans le temps et l’espace de la variĂ©tĂ© du rĂ©gime des pachydermes et de son influence sur les diffĂ©rents batchs du gin. Parce que pourquoi pas ? đ

Dans un registre moins cracra, vous faites quoi de vos sapins de NoĂ«l une fois les fĂȘtes terminĂ©es ? Depuis 3 ans, la distillerie Lahhentagge (Estonie) les recycle pour en faire des boissons toniques (jusque 10 000L avec seul un arbre), Ă consommer avec ses gins bien entendu.
Enfin, toujours au rayon des spiritueux insolites (ou plus), Hey Geo décrit sur son site le challenge de Guillaume Ferroni qui a décidé au cours du 2e confinement de novembre dernier de sortir 8 produits originaux (pour ne pas dire « déglingués »). Parmi ses inventions : un negroni distillé, un « rizdromel » (hydromel x eau de vie de miel x rhum x riz) ou encore une « Bouillabaisska » (soit une vodka à la bouillabaisse bien évidemment !)
Marques, bars, enchĂšres, rhums… : quelles perspectives pour 2021 ?
CĂŽtĂ© marques. Yoan Bonneau et Julien Pinard-Legry (consultants en stratĂ©gie marketing des spiritueux chez PWP) abordent dans une rĂ©cente interview comment les marques s’adaptent Ă la situation COVID, notamment vis Ă vis du CHR. On s’en doute, les bouleversements en cours sont nombreux : des budgets gelĂ©s, une rĂ©duction ou mise Ă l’arrĂȘt des activitĂ©s de certains brand ambassadors, un accent mis sur le marchĂ© des cavistes, un switch accĂ©lĂ©rĂ© vers le digital ou encore des initiatives de click & collect… Il y aura matiĂšre Ă suivre cette annĂ©e encore.
CĂŽtĂ© bars. Aux USA, 13 Etats prĂ©voient d’Ă©tendre ou de rendre permanentes les mesures autorisant la vente de cocktails Ă emporter (ie. pour consommer chez soi), afin de soutenir leurs secteurs bar / restauration (30 le font dĂ©jĂ ). En effet, sur dĂ©cembre seul, ce sont 372 000 emplois qui ont Ă©tĂ© perdus outre-Atlantique dans l’hospitalitĂ© selon le Distilled Spirits Council of the United States (DISCUS).
CÎté spéculation. Est-ce que la crise affecte les enchÚres ? Pas pour le moment a priori. Le site whisky.auction mettra par exemple en vente à partir de dimanche des lots de Cognac, dont 5 bouteilles datant de 1777 à 1914. Prix estimé : 110 000⏠par bouteille. Pour les budgets plus « modestes » sinon (ou pas), sont annoncés également : quelques vieux Macallan ainsi que des bouteilles du trÚs convoité bourbon Pappy Van Winkle.

CĂŽtĂ© matiĂšres premiĂšres. Dans son Ă©pisode sur les tendances 2021, le podcast Single Cast aborde notamment la question de savoir comment nos nouvelles habitudes alimentaires affectent la production de rhum. En jeu notamment, les stocks de mĂ©lasses. Car qui dit une consommation de sucre qui s’est rĂ©duite en 2020 (pour la premiĂšre fois depuis 40 ans), dit moins de sous-produits de sa production, et notamment de mĂ©lasse. Peut-on alors craindre des pĂ©nuries ? Et avec quelles consĂ©quences pour le rhum ? Faudrait-il alors en crĂ©er exprĂšs (sic) pour en produire ? A suivre !
Fonds de bouteilles Ă l’infini
Pour finir, connaissez-vous l’infinity bottle ? C’est la pratique qui consiste Ă , plutĂŽt que de garder vos fonds de bouteilles de whisky (ou rhum) s’accumuler sans rien faire, les assembler dans une seule et mĂȘme bouteille afin de crĂ©er un assemblage de whisky perso et infini.
D’un cĂŽtĂ©, vous la buvez, de l’autre vous l’alimentez avec de nouveaux fonds de bouteilles. Aussi, Cocktail Molotov (via Reddit) suggĂšre de pratiquer la mĂȘme chose avec vos amari. Une rĂšgle tout de mĂȘme : distinguer ceux qui sont rouges (Campari, Aperol, …) de ceux qui sont noirs (Fernet, etc).
Cerise sur le gĂąteau, il existe mĂȘme dĂ©sormais des applications (iOS et Android) pour gĂ©rer tout ça et ainsi garder tout l’historique de votre assemblage maison.