Après nos péripéties en Louisiane pour Tales of the Cocktail et notre visite de la distillerie Donner-Peltier, nous avons pris le chemin du Tennessee ! Une fois à Nashville, le programme était assez simple : visiter les distilleries de la ville, ou du moins les deux dont on avait connaissance, Corsair et Nelson’s Greenbrier (on vous en parle très prochainement – edit : à lire ici), et en profiter pour faire un petit détour par Lynchburg pour visiter la plus célèbre de toutes : celle de Jack Daniel’s ! Car si pour beaucoup on est à Music City, vous l’aurez compris, on était là avant tout pour le whiskey !

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Lynchburg se situe à environ 1h30 de route de Nashville. Si vous n’êtes pas véhiculé, pas d’inquiétude : Jack Daniel’s est une attraction assez énorme pour que la compagnie Grayline propose deux fois par semaine des navettes pour faire le trajet depuis la plupart des hotels de la ville (compter une soixantaine d’euros aller-retour, ticket d’entrée inclus). La route est sinon l’occasion de découvrir le Sud du pays et une certaine Amérique, celle où on a parfois le sentiment de croiser plus d’églises que de maisons… Aussi, une fois arrivé à la distillerie, le contraste est frappant : parking bondé et accueil rempli de visiteurs, rien à voir avec le calme environnant !

Une fois nos bracelets récupérés au « visitors center », nous sommes pris en charge par un guide avec une douzaine d’autres personnes et montons dans un mini bus pour nous conduire au point de départ de la visite ! Première étape, l’un des entrepôts de la marque où sont entreposés 20 000 fûts sur une hauteur de 7 étages. Le coût d’oeil est rapide (à travers une porte), mais on peut déjà se faire une idée de l’immensité de la chose (Jack Daniel’s en possède 85 comme ça, plus ou moins grands, pour un total de quelques 200 000 fûts en maturation), et de la belle odeur qui entoure les lieux.

Etape suivante : le Rickyard, à savoir le lieu où le charbon destiné au « charcoal mellowing », typique du Tennessee Whiskey, est fabriqué à partir de bois d’érable à sucre. On a d’ailleurs l’immense chance ce jour-là de pouvoir assister à la combustion du bois dans une immense cheminée, quelque chose d’assez rare au cours des visites pour que même notre guide en profite pour prendre une photo. Impressionnant ! On apprend au passage qu’aucun détail n’est laissé au hasard, et que le combustible utilisé pour lancer le feu n’est autre qu’un distillat de Jack Daniel’s à 70°. Pas question d’aller mettre de l’essence ou autre ici ! Le charbon ainsi obtenu a la garantie de ne pas avoir été pollué par de mauvaises effluves. Il est ensuite recueilli et broyé de sorte à avoir la taille de petits pois.

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La visite se poursuit ensuite par le bureau de Jack Daniel’s où l’on peut découvrir le fameux coffre fort qui lui a coûté la vie (Jack Daniel’s avait contracté une infection après s’être blessé le pied en frappant violemment le coffre en question, furieux de ne plus se souvenir de son code), et la source d’eau calcaire (« limestone water ») qui avait poussé le jeune entrepreneur à installer ici sa distillerie. En effet, l’eau de cette source présente la particularité d’être « iron free » (sans fer), grâce au filtrage naturel effectué en amont par les roches calcaires. Une qualité particulièrement importante quand on produit du whiskey.

On se dirige ensuite vers le saint des saints : la distillerie à proprement parlé. Là, découverte partielle des alembics (car haut de plusieurs étages), lesquels débitent chacun 12 à 40 gallons de whiskey à 70° (140 proof) chaque minute (selon leurs tailles), pour un total de 34 000 litres par heure. Pour cela, ils sont alimentés par environ 5 gallons de mash pour chaque gallon de whiskey produit. On a d’ailleurs l’occasion de voir juste après les énormes containers, hauts de deux étages, où le mash en question fermente.

Dans la foulée, on nous conduit vers l’endroit où le fameux « charcoal mellowing » a lieu. L’occasion de voir en direct comment celui-ci se déroule : dans de grands containers en bois, remplis de charbon, le whiskey fraichement distillé s’écoule goutte par goutte (littéralement !) afin de traverser la couche de 3 mètres de haut de charbon. Ce processus prend 6 jours (!) : c’est en effet le temps que passe chaque goutte de whiskey pour traverser la dense couche de charbon de bois, lequel est changé tous les 4 à 6 mois, avant d’enfin pouvoir être mise en fût.

La visite se termine du côté de la zone où le précieux whiskey est embouteillé, non sans nous en dire davantage au préalable sur le Jack Daniel’s Single Barrel. En effet, il est possible de venir à Lynchburg pour sélectionner son propre fût (avec Jeff Arnett en personne) et de l’acheter pour environ 9 000$ à 12 000$. Celui-ci sera sera alors spécialement embouteillé (compter 250 bouteilles par fût environ) au nom du client (ou de l’entreprise… si des fois vous arrivez à motiver votre CE pour faire l’investissement pour les cadeaux de fin d’année 😉 ) et le fût vide évidemment cédé en souvenir. #Want!

Enfin, un tasting est proposé afin de découvrir (ou redécouvrir) le Jack Daniel’s Old n°7, le Gentleman Jack, et un Single Barrel évidemment. Les Jack Daniel’s Tennessee Honey et Jack Daniel’s Fire sont par contre exclus de la dégustation : non produits intégralement à Lynchburg, ils ne bénéficient pas de l’autorisation exceptionnelle accordées aux 3 autres produits, sachant que Lynchburg est un « dry county » où la vente d’alcool est interdite depuis 1909 (à l’exception désormais du White Rabbit Bottle Shop de la distillerie qui a pu obtenir une dérogation).

Pour conclure, une belle visite qui n’est pas réservée qu’aux aficionados de la marque. Le Rickyard (si vous avez la chance de venir à un moment où il est en activité) et le charcoal mellowing au goutte à goutte sont des étapes particulièrement fascinantes lors du tour. On regrettera juste que les photos sont interdites sur la plupart des points clefs de la production (fermentation, distillation, mellowing et maturation) mais ça en valait la peine malgré tout. Définitivement à faire si vous passer dans le coin !

Aussi, si vous voulez aller plus loin (ou n’avez simplement pas l’opportunité de faire le voyage), jetez un oeil ci-dessous sur le passionnant reportage de National Geographic sur le sujet. On y découvre notamment la fabrication des fûts à Louisville, ainsi que pas mal d’images des zones qu’on n’a justement pas pu photographier.

https://www.youtube.com/watch?v=G51GO6eYNKI

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